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Gérard Freitag, auteur de poèmes et de romans
 
 
La Chambre de Balsam,  roman.
L’Harmattan, collection Ecritures, 2011, 201 pages.

 

Présentation, quatrième de couverture :

Un jeune médecin de campagne qui reçoit des lettres anonymes remettant étrangement en cause le passé de sa femme. Un mort bien dérangeant et sur la présence duquel on vient sans cesse buter. Quelqu’un qui veut savoir s’il est possible de prévoir sans faille les détours de la conscience d’un autre. Un agonisant inerte couché dans une chambre de sa maison. Sa fille qui passe des heures à son chevet mais qui, à l’heure des rendez-vous amoureux, disparaît tout à coup. Apolline Fernant qui vit toute seule sur les Hauts-de-Clelles et qui sait en toute sérénité que sa vie aurait pu être bien différente de ce qu’elle a été. Une vieille dame impotente qui aime les vins doux…

Ce sont les divers personnages qui tissent la matière de ce roman dans lequel les événements mettent quelquefois rudement à l’épreuve les faiblesses du héros. Mais c’est pour lui apprendre après tout à ne plus se dérober devant la force que réclament les appels à l’existence. Dans ce parcours les femmes apparaissent un peu comme des Parques initiatrices.

Extrait, la première page :

Sait-on quand les choses commencent ? Où et comment elles commencent pour de bon ? Et le temps qui se passe entre le moment où elles vous touchent – peut-être bien subrepticement, en quelque sorte avec délicatesse – et celui où vous prenez conscience, vraiment conscience, qu’elles sont arrivées, et arrivées une fois pour toujours ? Peut-on trouver un lieu, le désigner vraiment ? Dire : « C’est venu là. Voilà où tout a commencé » ?

Avant la première lettre qui me fut adressée, bien avant, j’avais peut-être déjà conçu des doutes, plus d’une fois, en bien des endroits. Peut-être un soupçon m’avait-il touché pour la première fois en descendant la côte d’Orbois ou de celle de Tèches, devant le paysage presque plat, répétitif que l’on découvre de là, comme les pièces d’un jeu de patience confus : une large cuvette à peine incurvée ; des rangées d’arbres longeant les routes ; des bosquets sombres interrompant à tout moment les perspectives ; ici ou là la flèche d’un clocher d’église étrangement brillant ; des nuages qui, quelle que soit l’heure, quelle que soit la saison, semblent toujours se conformer à quelque grande machinerie météorologique. L’idée que je n’avais pas vu ces choses  comme il fallait, que, jusque-là, je les avais toujours fait dépendre d’une sorte d’approbation commode m’est peut-être venue là, bien avant la première lettre.

Cela aurait pu se produire aussi du côté de Clelles, en entrant dans ce hameau ouvert aux quatre vents, où les maisons sont hautes, très grandes, très grises – on aurait dit chaque fois une fortification -, où l’on ne voit jamais personne dans les rues, où il faut contourner la bâtisse, chercher du côté du jardin, frapper aux portes pour rencontrer quelqu’un. Le premier soupçon m’a peut-être pris là, en entendant la voix qui me disait : « Ah vous voilà docteur ! » alors que je savais fort bien que l’on avait remarqué la voiture, et même depuis un bout de temps, et qu’on m’avait vu moi, fort bien aussi. Car je n’ignorais pas que ces rideaux immobiles n’étaient pas des rideaux aveugles. Alors, peut-être,  je m’étais dit  pour la première fois que les choses n’étaient pas tout à fait ce qu’elles me paraissaient.

Oui, j’avais sans doute déjà conçu beaucoup de doutes, sur bien des points quand me fut parvenue la première lettre, de sorte qu’elle n’a rien fait de plus que d’emprunter peut-être la voie de mes soupçons anciens. Cela se peut. Cela est même tout à fait vraisemblable.

 
Gérard Freitag, auteur de poèmes et de romans
 
 

Gérard Freitag, auteur de poèmes et de romans

 

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Gérard Freitag, auteur de poèmes et de romans
 
 

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