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Gérard Freitag, auteur de poèmes et de romans
 
 
La Nuit vécue, roman
Éditions Elzévir, 2008, 166 pages.

 

Texte de la quatrième de couverture :

Gérard Freitag nous entraîne à la suite de Brenner, un héros dont nous suivons le périple nocturne. Chaque geste, chaque pensée, chaque lieu est l’objet d’un minutieux développement qui joue aussi sur l’alternance entre les rappels d’un passé obsédant et l’évocation d’Esther, la femme qu’il aime. Entre quête identitaire et chronique du quotidien, La Nuit vécue nous invite à une danse en suspens, entre rêve et réalité.

 Deux extraits :

Le héros habite seul la grande maison familiale dans laquelle il retrouve à tout moment le souvenir d’Esther qui l’a quitté. Des indices de plus en plus forts laissent cependant supposer que peut-être Esther est revenue.

Il repose le peigne.

Il n’a pas pris garde qu’à côté de l’endroit qui lui est réservé s’en trouve un autre déjà. Et c’est un peigne d’Esther. Il le reconnaît très bien. Il ne servait pas à Esther à démêler ou lisser les cheveux, mais à les retenir. Il est de forme ovale, fortement incurvé. L’un de ses bords est plein. Il repose là, dans une incompréhensible et douloureuse inutilité.

Il le regarde, le prend en main. Il lui semble y déceler une tiédeur qui n’est peut-être - qui n’est sans doute – que cellede ses doigts.

Brenner est l’héritier d’une famille de scieurs. Les affaires sont loin d’être prospères et pourtant Brenner vient de se rendre acquéreur d’un très important lot de bois renversés par la tempête, bois dont la qualité, en outre, s’avère problématique. Mais n’a-t-il pas agi en toute connaissance de cause ? Ne provoque-t-il pas lui-même l’avènement d’une définitive et libératrice faillite ?

Au Col de la Croix débutera bientôt quelque chose comme un festin sauvage dont il fera les frais. Les larves d’innombrables insectes se nourriront du bois, le creuseront, l’allégeront, l’évideront, le digéreront. La monstrueuse larve du papillon gâte-bois, aussi grosse qu’un doigt et annelée comme un tronçon d’intestin, la tarière fine comme une longue aiguille du rhysse perforant, l’oviscapte coupant du grand sirex, jaune et noir comme un frelon, les mandibules du petit et du grand capricorne, celles des scolytes de toutes sortes feront leur œuvre. Un beau spectacle pour entomologiste ! Une sorte de grand charnier de bois. Et pendant que tout ce monde de larves repues sommeillera du profond sommeil des métamorphoses, les champignons viendront faire le reste. De beaux champignons pourpres, feutrés ou visqueux, épais ou translucides, veinés, auréolés, squameux. En touffes, en formations tabulaires, en auréoles, marasmes, armillaires, gomphides et héliotales se complairont là-haut dans leur morbide chorégraphie.

Il faudra quelques années pour venir à bout d’une telle quantité de fibres nourrissantes. Mais l’appétit, comme dit l’autre, vient en mangeant. Et d’ailleurs le capricorne engendrera le capricorne, le scolyte le scolyte, le sirex le sirex. « Croissez, multipliez. » Il aura eu pour le moins le mérite d’avoir occasionné cette étrange genèse.

 
Gérard Freitag, auteur de poèmes et de romans
 
 

Gérard Freitag, auteur de poèmes et de romans

 

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Gérard Freitag, auteur de poèmes et de romans
 
 

Gérard Freitag, auteur de poèmes et de romans

 

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